Vietnam War – Special 50e anniversaire – De Hue vers la DMZ sur la Route QL 1
Carnet de voyage par le photographe Quang Lam
“A l’occasion du 50e anniversaire de la fin de la guerre, je décidais de m’aventurer jusqu’à la DMZ distante d’environ 100 km de l’ancienne cité impériale de Hué. Ce n’était pas la première fois que je séjournais dans cette région mais certainement un frein psychologique repoussait ma curiosité de prendre ce chemin qui remontait vers le Nord sans vraiment croiser de lieux touristiques plus culturels ou balnéaires.
50 ans après les faits que restait-il à voir, à trouver de manière inopinée comme vestiges de cette région frontière dénommée la DMZ ?
Elle était née après les accords de Genève de 1954 et qui ne devait être provisoire que de quelques années au plus jusqu’à la tenue des élections décidant du premier gouvernement vietnamien indépendant.
Ce ne fut que 25 ans seulement après que cette zone disparaissait sous l’effondrement du Sud Vietnam dont la date du 30 Avril 1975 reste celle retenue par l’Histoire. J’apprenais en traversant les différentes localités sur cette route nommée QL 1 ( Autoroute Numéro 1) que l’avancée des troupes du Nord avait commencé un mois plus tôt grâce aux inscriptions sur les diverses banderoles qui fêtaient cet anniversaire.
La veille, pour me mettre dans un état d’esprit compatible à ce trajet tout aussi dans le temps, j’étais allé visiter une relique apparaissant sur l’une des photos les plus iconiques de la guerre du Vietnam, celle de l’immolation du bonze Thich Quang Duc . Visible en arrière plan de la photo il s’agissait de la voiture, une Austin, qui avait transporté le Vénérable et dont le capot était ouvert pour simuler une panne afin que celui-ci descendît pour accomplir son sacrifice le 11 juin 1963. Dans l’atmosphère calme de la Pagode Thien Mu, j’écoutais dans toutes les langues les guides raconter cet épisode à leur groupes de touristes venus du monde entier.
Je partis donc tôt le matin suivant sous un vent frisquet. Aux abords de Hue, si l’on s’éloignait de quelque centaines mètres de la QL 1 une vie paisible se déroule toujours avec des hameaux encore silencieux sous la brume comme ce village qui abritait l’autel des ancêtre de Dang Huy Tru, le premier Vietnamien qui introduisit la photographie au Vietnam en 1869.
J’avais alors décidé de rejoindre le pont Hien Luong fut l’un des points de passage entre le Nord et le Sud en enjambant la rivière Ben Hai, un ligne de démarcation naturel sur le 17e parallèle
Comme partout, les routes au Vietnam sont longées de maisons à tel point qu’on a l’impression de s’enfoncer dans un tunnel sans voir le paysage autour. L’impression que j’avais en remontant vers le Nord était de remarquer que les façades immeubles semblaient dater de la génération d’avant celle des années 2000.
On était dans la région du Quang Tri de part sa situation géographique fut le théâtre des batailles parmi les plus dures de la guerre notamment le siège de la citadelle de Quảng Trị pendant 81 jours en 1972 et les combats acharnés autour de Khe Sanh. On estime que 40 % de toutes les munitions de la guerre ont été utilisées pendant dans ce territoire relativement étroit. Loin des 2 centres urbains du pays, sa reconstruction fut plus lente et difficile car parsemée de bombes non explosées?
Finalement sur cette journée, je n’étais ni passé dans les lieux préservés du conflit marqué sur ma carte tels que Les tunnels de Vinh Moc, le site de la bataille de Khe Sanh en 1968, le Camp Carroll, le post d’observation Rockpile, le pont Dakrong point de passage de la piste Ho Chi Minh ou le cimetière national de Truong Son.
Je préférais instinctivement garder de ces lieux officiels une image livresque pour découvrir en premier lieu sur cette portion de la route QL 10 des indices encore vivants, non effacés par le temps de ce chapitre d’histoire, glorifié par les commémorations du 50e anniversaire de la fin de la guerre dans chaque village par des banderoles rouges et multicolores.
Au détour d’un chemin, la vue d’un casque d’un “bo doi” ou d’un GI suffit à raviver le souvenir des combats fratricides de ces hommes. Les rares casemates coupant l’horizon laissent encore planer l’ombre du conflit. Encore faut-il avoir l’œil en alerte car après 50 ans le bruit des portes containers preuve de l’intensification du développement a pris le pas sur le vrombissement des chars.”