Brochure touristique de la cité de Hue dans les années 50
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Hué, ancienne capitale du Viêt-Nam, est située à une centaine de kilomètres au Sud du 17e parallèle. Quand on évoque Hué, on ne peut s’empêcher de penser à sa rivière et à ses collines enveloppées de rêve et de poésie, à ses somptueux palais et à ses tombeaux.
Image – La Rivière des Parfums, source d’inspiration des poètes et écrivains de l’ancienne capitale impériale.
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palais impériaux magnifiques sur lesquels semble planer une éternelle impression de silence, de paix et de majesté. Le visiteur n’a que l’embarras du choix de ces innombrables sites et monuments historiques, mais ce qui a toujours fait l’émerveillement des touristes, ce sont surtout ces imposants tombeaux que les grands empereurs de la dynastie des Nguyen ont bâtis aux alentours de Hué pour leur éternel repos. Élèves du Lycée Dông Khanh prêtes à franchir la Rivière des Parfums.
A. PALAIS ET MONUMENTS
LE CAVALIER DU ROI (KY DAI)
Improprement nommé en français « le Cavalier du Roi », cette imposante tour de forme rectangulaire, bâtie sur les remparts de la face principale de la Citadelle de Hué, juste devant Ngo Môn (Porte du Midi), soutient un mât de pavillon haut de 37 mètres. Ce monument fut construit en 1809 et réparé en 1831. Le grand typhon de 1904 démolit le mât de pavillon qui ne put être reconstruit qu’en 1915. En 1947, celui-ci fut détruit de nouveau lors des hostilités, et sa reconstruction ne fut entreprise et terminée qu’en 1949.
LA CITÉ IMPÉRIALE (DAI NỘI)
Cette vaste enceinte, située immédiatement à l’intérieur de la Citadelle de Hué, cache l’ensemble des palais, temples, jardins et harems où se menait, dans le mystère et la pompe, la vie des anciens rois. Construite en 1804 sous Gia Long, réaménagée et embellie plusieurs fois sous les règnes de ses successeurs, la Cité Impériale a profondément souffert des ravages de la guerre et du temps.
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Image – Une jeune fille de Hué
Image – Le Cavalier du Roi
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LA PORTE DU MIDI (NGO MÔN)
Cette entrée est constituée de 5 portes, mais seule la centrale s’appelle Ngo Môn (Porte du Midi). Elle ne s’ouvrait que pour l’Empereur. Elle est surmontée d’une galerie luxueuse, Ngũ Phụng (les Phénix), formée de salles qui, vues d’en bas, semblent être recouvertes par neuf toits : celui du centre est en tuiles jaunes, les autres en tuiles vertes. Autrefois, c’est de la galerie des « Phénix » que l’Empereur présidait les cérémonies solennelles. Du côté du Ngo Môn, de l’allée qui y conduit, se dressent deux petites stèles portant l’inscription « Khuynh Cai Ha Mã ». Celle-ci ordonne à tous ceux qui passent devant le Ngo Môn de se découvrir et de descendre de cheval.
Image – La porte Ngo Môn
LE PALAIS DE LA PAIX IMMENSE (THAI HÒA)
En entrant par la porte Ngo Môn, on se dirige vers le Nord, vers le Thai Hòa (Palais de la Paix Immense), lieu des grandes réceptions. Ce Palais, composé de 7 travées et 2 appentis latéraux, est d’une décoration pleine de luxe et de majesté. Devant le Palais s’étendent deux cours de niveaux différents. C’est là que se tenaient les mandarins, qui s’échelonnaient selon leurs titres et leurs responsabilités, les mandarins militaires se plaçant à droite, les mandarins civils à gauche. L’Empereur était assis dans le Palais, sur un trône surélevé par trois marches. Au-delà des cours, on voit l’espace libre réservé autrefois aux notables venus assister aux cérémonies. Le Palais fait face au petit lac Thai Dich. Le Trung Dao (Voie du Juste Milieu) est un pont qui franchit ce lac en reliant le Palais au Ngo Môn.
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La Cour d’honneur en face de la Salle du Trône. À l’origine, le Palais avait été construit par Gia Long (qui y fut proclamé Empereur le 28-6-1806), au Sud de l’enceinte interdite. En 1833, Minh Mang le transféra à son emplacement actuel.
LE PALAIS DE LA LONGÉVITÉ (DIÊN THỌ)
Derrière le temple Phung Tiên s’élève le Palais Diên Thọ (Palais de la Longévité) dont la construction commença en 1803, deuxième année du règne de Gia Long. C’était la résidence des Reines-Mères.
Image – Le Trône
Image – Palais Thai Hoa
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Le pavillon Trường Du. Des deux côtés de la façade du Palais, il y a deux bâtiments : celui de gauche était la maison de thé, celui de droite, le Théâtre que Khai Định fit réédifier en maison à étages. À l’Est du Palais, s’étend un lac de forme carrée, avec en son milieu, une montagne en miniature. Sur la rive Nord s’élève le Trường Du, qui est un lieu de repos. L’intérieur du Palais Diên Thọ.
LES URNES DYNASTIQUES (CỬU ĐỈNH)
Les Urnes Dynastiques, au nombre de 9, ont toutes un nom et représentent chacune des 9 Empereurs de la Dynastie des Nguyễn au 19e siècle. Elles sont toutes ornées, sur leur panse, de motifs en relief représentant soit des éléments de la nature, des produits de la terre, soit des œuvres faites de main d’homme. Commencée sous Minh Mang en Décembre 1835, la fonte fut achevée en Juin 1836. La ciselure des motifs ne fut terminée qu’en 1837 et les urnes furent définitivement posées le premier Mars 1837.
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Image – Les Urnes Dynastiques
LES CANONS GÉNIES (CỬU VỊ THẦN CÔNG)
Les Canons furent fondus sur l’ordre de Gia Long avec des objets en cuivre qu’il avait enlevés aux Tây Sơn. La fonte, commencée le 31 Janvier 1803, fut achevée fin Janvier 1804. Les canons sont au nombre de 9 et consacrés aux quatre saisons (Printemps, Été, Automne, Hiver) et aux cinq Éléments (Métal, Bois, Eau, Feu et Terre).
Image – Les Canons Génies
LE LAC DE LA SÉRÉNITÉ DU CŒUR (HỒ TỊNH TÂM)
Situé à 5 mètres de la Cité Impériale, ce lac était le lieu où l’Empereur venait prendre le frais et se reposer des soucis du Long Tây qu’il pouvait avoir.
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Image – Le lac Tinh Tâm
LA PAGODE DE LA DAME CÉLESTE (THIÊN MỤ)
Il est bien certain que le paysage admirable que l’on peut contempler de la Tour Phước Duyên (Source de Bonheur) est tout à fait remarquable par son caractère de grandeur et de majesté et que peu de personnes restent insensibles au charme qui s’en dégage. Au-delà, la vue s’étend sur une série de collines de hauteur variable pour s’arrêter dans le lointain sur les lignes sinueuses et indécises des premiers contreforts de la Chaîne Annamitique, qui constituent ainsi en quelque sorte le fond reposant et serein du paysage. La construction de la Pagode remonte au début du 17e siècle. En 1601, Nguyễn Hoàng, Gouverneur de Thuận Hóa, fit élever la Pagode à la mémoire d’une déesse qui, au cours d’une apparition, avait précisé l’endroit où devrait être fixée la Capitale. Vers 1710, un des successeurs de Nguyen Hoàng, le Seigneur Nguyễn Phúc Chu, l’agrandit considérablement par l’édification de nouvelles constructions. Il fit fondre la grande cloche « Đại Hồng Chung » pesant 2 tonnes et dont le son puissant s’entend même jusqu’à la ville de Hué.
Image – La pagode Linh Mu
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La tour « Phước Duyên », construite la quatrième année du règne de Thiệu Trị (1844), est de forme octogonale. Haute de 21 mètres, elle est composée de 7 étages construits en retrait les uns des autres.
B. LES TOMBEAUX IMPÉRIAUX
Quand on parle de Hué, on pense immédiatement aux imposants tombeaux que les Empereurs de la dynastie des Nguyễn ont bâtis aux alentours de Hué pour leur éternel repos. Chaque tombeau reflète le goût et la culture de son architecte promoteur.
TOMBEAU DE L’EMPEREUR GIA LONG
Fondateur de la Dynastie des Nguyễn (1802-1820). Le tombeau de l’Empereur Gia Long est situé à 16 km de Hué. Commencés la treizième année du règne de Gia Long, en 1814, les travaux d’édification ne furent terminés qu’en la première année du règne de son successeur Minh Mang, en 1820. Lorsqu’on se trouve derrière le tombeau, et dans son axe, on a devant soi, au loin, une montagne couronnée d’un bouquet de pins clairsemé : c’est le mont Thiên Thọ ou de « l’Œil du Ciel » qui dresse sa tête au milieu d’une Cour de 34 montagnes qui font la Cour respectueusement au tombeau de l’Empereur. De la cour du Temple Minh Thành, consacré au culte de l’Empereur, on descend un chemin qui conduit au tombeau proprement dit, constitué par deux catafalques en pierre de taille, disposés côte à côte : à gauche, celui de Gia Long, à droite, celui de sa première épouse, l’Impératrice Thừa Thiên Cao.
Image – Le tombeau Gia Long
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TOMBEAU DE L’EMPEREUR MINH MANG
Fils de l’Empereur Gia Long (1820-1840). De tous les tombeaux impériaux, celui de l’Empereur Minh Mang est le plus remarquable pour la grandeur de l’emplacement, la régularité de la construction et la majesté de la disposition générale. Commencés la première année du règne de l’Empereur Thiệu Trị, en 1841, les travaux d’édification furent terminés en 1843.
Le pavillon Minh Lâu. Une enceinte extérieure fait le tour de la sépulture. De la cour d’honneur, après avoir gravi trois rangées successives d’escaliers de granit, on arrive au Pavillon de la Stèle. Un portique à triple arche ouvre sur la terrasse du Tertre où au fond, se dresse le Temple consacré au culte de l’Empereur et de l’Impératrice. Au-delà, s’élève le Palais Minh Lâu, devant lequel s’étend une cour en briques disposées en forme de caractère « THỌ » (longévité). Au-delà, un pont en pierre, bordé de balustrades en fer forgé, est jeté sur un bassin en forme de croissant. À chaque extrémité du pont s’élève un portique de bronze portant sur quatre colonnes où s’enroule un dragon. Au-delà, on gravit un escalier monumental bordé de deux gigantesques dragons déroulant leurs anneaux. Il conduit à une grande porte de bronze en arrière de laquelle le catafalque de l’Empereur est enfoui sous les profondeurs d’un grand tumulus couvert de pins et de brousse et clos par le « Mur Précieux » de forme circulaire représentant l’image du Soleil.
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Sur le chemin qui conduit au tombeau proprement dit.
TOMBEAU DE L’EMPEREUR THIỆU TRỊ
Fils aîné de l’Empereur Minh Mang (1841-1847). Mis en chantier en 1847, terminé en 1848 (première année du règne de Tự Đức), ce tombeau est situé à 7 km de Hué. Le temple consacré au culte de l’Empereur est précédé d’une pièce d’eau en forme de demi-lune, devant laquelle s’élève un grand écran et, sur l’autre bord, face à l’écran, un portique avec quatre colonnes de marbre portant des sentences parallèles. Un autre portique semblable ouvre sur la cour d’honneur qui précède le Pavillon de la Stèle.
Le tombeau Thiệu Trị. En descendant du Pavillon, on parvient à un jardin carré, entouré d’un mur peu élevé, et où se dressent quatre massifs de fleurs en forme de caractère Thọ (longévité). Après avoir franchi un lac, on arrive au pied d’un escalier qui, entre deux dragons de pierre, conduit au « Mur Précieux », tout comme au tombeau de Minh Mang.
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TOMBEAU DE L’EMPEREUR TỰ ĐỨC
Second fils de l’Empereur Thiệu Trị (1848-1883). Après avoir contourné les collines arides qui avoisinent le tombeau de Dông Khanh, le touriste demeure saisi d’admiration devant une immense forêt de pins de belle venue en arrière de laquelle se dresse un grand mur : c’est l’enceinte extérieure du tombeau de Tự Đức.
Vue du haut du Temple. Les travaux d’édification du tombeau durèrent de 1864 à 1867, du vivant même de l’Empereur. Sur sa face Sud-Est s’ouvre un portique ; c’est l’entrée. Quelques marches conduisent à l’allée principale, et le touriste reste en extase devant une vaste pièce d’eau miroitante avec au milieu, un énorme rocher artificiel pareil à une île de verdure. En longeant sur la gauche d’un large mur surélevé, on arrive à un escalier de pierre, conduisant à une porte monumentale. Celle-ci s’ouvre sur une terrasse ornée de vases de porcelaine devant le Temple consacré au culte de l’Empereur.
Image – Le pavillon de la Stèle.
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Le Temple visité, on reprendra le chemin qui le précède et mènera le visiteur à la Cour d’Honneur. Au-delà, sur la terrasse suivante, se dresse la stèle érigée en Mai 1875, c’est-à-dire du vivant même de l’Empereur, un monolithe énorme que recouvre un pavillon en maçonnerie. Une petite pièce d’eau entourée d’un mur et bordée d’arbres tordus et noueux, sépare la stèle du mur et de la porte de bronze derrière lesquels repose la dépouille de l’Empereur.
Image – Le tombeau proprement dit.
TOMBEAU DE L’EMPEREUR ĐỒNG KHÁNH
Fils adoptif de l’Empereur Tự Đức (1885-1888). Situé à 7 km de Hué, le tombeau de Đồng Khánh est à proximité de celui de Tự Đức. Le Temple funéraire est un édifice comportant 5 travées et 2 appentis. On y conserve un grand nombre d’objets utilisés par l’Empereur de son vivant, et qui sont exposés dans les diverses salles. L’ameublement, les colonnes et les chevrons, laqués rouge et avec leur dorure encore fraîche, donnent à l’intérieur du Temple un aspect magnifique. Du Temple, un chemin d’une centaine de mètres conduit au tombeau proprement dit, construit sur une colline dénudée, sans enceinte, majestueusement isolé, face au ciel. Devant lui s’ouvre un portique tourné vers l’Orient. En le franchissant, on pénètre dans la Cour d’Honneur qui précède le Pavillon de la Stèle. Le tombeau proprement dit, séparé du Pavillon de la Stèle par trois terrasses ascendantes, est un bâtiment tout en marbre, de forme rectangulaire, enfermant un autel en marbre aussi, et un paravent.
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Image – Le tombeau Đồng Khánh.
LE TOMBEAU DE L’EMPEREUR KHẢI ĐỊNH
Fils de l’Empereur Đồng Khánh (1916-1925). Le tombeau est situé à 10 km de la Citadelle de Hué, dans les limites du village de Châu Chữ. Commencés le 4 Septembre 1920, du vivant même de l’Empereur, les travaux d’édification ne furent terminés qu’en 1931, la 6e année du règne de Bảo Đại, son successeur.
Image – Vue extérieure du tombeau Khải Định.
Image – La Cour d’honneur.
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Image – Statue de l’Empereur Khải Định.
Le Tombeau, en pierre et en béton armé, tranche nettement avec ceux de ses prédécesseurs. C’est un monument massif, élevé sur trois terrasses successives, adossé à une colline, au milieu du silence imposant d’un bois de pins. À l’étage inférieur, dans l’axe de l’autel, est creusé le caveau clos par une porte en pierre à double vantail. Les salles ont les plafonds élevés, les parois recouvertes de motifs en ronde-bosse faits de fragments de porcelaine, de verrerie, diversement colorés, représentant des paysages ou des dragons. À l’étage supérieur, devant l’autel consacré, la statue en bronze dorée de Khải Định, de grandeur naturelle, représente l’Empereur dans la pose hiératique, revêtu de ses ornements impériaux, les mains sur le sceptre de jade.